Cours ECG de l’enfant 4 : Forme particulière de tachycardie supraventriculaire du nourrisson

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L’autre mécanisme, moins fréquent chez l’enfant, est le foyer ectopique. Un groupe de cellules acquiert la propriété de se dépolariser spontanément, indépendamment de la commande sinusale. Si le foyer ectopique se situe à l’étage atrial, il est responsable d’une tachycardie atriale ectopique ou tachysystolie. Le foyer ectopique peut aussi être localisé dans le faisceau de His, on parle alors de tachycardie hissienne. Les TSV sont le plus souvent des tachycardies régulières à QRS fins, dont la cadence ventriculaire atteint, voire dépasse 230 battements par minute. Les tracés suivants illustrent une forme particulière de TSV par rythme réciproque.

Armand est un nourrisson de 5 semaines hospitalisé pour choc cardiogénique décompensé. L’index cardiothoracique est très nettement augmenté à la radio de thorax, l’échographie cardiaque conclut à une cardiomyopathie dilatée à paroi mince.

L’ECG à l’admission est représenté sur la figure  1. Ce tracé s’inscrit en tachycardie (230 battements par minute), régulière, à QRS fins. Le rapport entre les ondes P et les QRS est de 1 pour 1, avec une activité atriale qui semble précéder de peu l’activité ventriculaire. Ces ondes P ne sont pas sinusales car elles sont négatives dans les dérivations inférieures, donc la dépolarisation atriale remonte des ventricules vers les oreillettes. Il s’agit en fait d’onde P’ rétrograde : chaque dépolarisation ventriculaire se propage de façon rétrograde vers les oreillettes par une voie accessoire. Cette dépolarisation atriale se propage à son tour vers les ventricules par la voie nodo-hissienne et ainsi de suite ; le circuit de réentrée s’auto-entretient.

Dans cette tachycardie, le temps de conduction entre le ventricule et l’oreillette est long, donc la distance entre le QRS et son onde P’ est grande (aspect de QRS-P’ long). Contrairement à l’impression initiale, l’activité atriale ne précède pas l’activité ventriculaire mais succède au QRS précédant. Le délai entre le QRS et son onde P’ est tel que l’espace QRS-P’ est plus long que l’espace P’-QRS. Ce tracé est typique de la tachycardie de Coumel ou PJRT (Permanent Junctional Reciprocating Tachycardia).

Comme pour toutes les tachycardies jonctionelles, le test à l’ATP (Striadyne) interrompt la réentrée en bloquant de manière transitoire la conduction dans le nœud auriculo-ventriculaire (fig. 2). En cas de PJRT, le retour en rythme sinusal est précaire. En effet, cette tachycardie à la particularité d’être “incessante”, c’est-à-dire qu’elle s’arrête et redémarre en l’espace de quelque battement cardiaque (fig. 2 et 3).

Les symptômes de la PJRT comme de toutes les TSV du nourrisson sont les difficultés alimentaires. Dans le cas de la PJRT, le diagnostic peut être manqué si l’enfant est examiné à un moment où la[...]

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À propos de l’auteur

Centre de Référence “Malformations Cardiaques Congénitales Complexes- M3C”, Université Paris-V, Necker-Enfants Malades, PARIS.