L’angor de Mirabeau

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Destiné d’abord à la carrière des armes, il a une jeunesse agitée. Son père le fait enfermer à l’île de Ré, puis l’envoie guerroyer en Corse. De retour sur le continent, il épouse Emilie, fille du marquis de Marignane (la famille de Marignane était l’une des plus puissantes de Provence). Un fils, mort en bas âge le 8 octobre 1778, naît de cette union.

Le jeune ménage étant très dépensier, Mirabeau père est obligé de faire enfermer son fils par lettres de cachet pour le soustraire à ses créanciers. Gabriel est donc emprisonné au château d’If le 20 sept. 1774. Peu après sa libération, il enlève la marquise de Monnier à Pontarlier et est condamné à avoir la tête tranchée. Il s’enfuit alors avec son amante aux Pays-Bas. De nouveau arrêté, il est enfermé au donjon de Vincennes de 1777 à 1780. Il en profite pour déployer une activité intellectuelle importante et mûrir sa pensée politique. Au cours de ces trois années, il écrit à son amie les Lettres de Sophie dans lesquelles il fait part de ses problèmes de santé. En sortant de prison, il se rend compte de ses talents d’éloquence et de ses dons de persuasion.

Le 5 Mai 1789, Mirabeau participe comme député du Tiers-Etat d’Aix-en-Provence aux Etats Généraux à Versailles. Le 17 Mai 1789, il fait partie de ceux qui décident de proclamer le Tiers-Etat en Assemblée nationale et de jurer de ne pas se séparer avant d’avoir remplacé la souveraineté du roi par la souveraineté de la nation. Mirabeau prononce son fameux : « Vous ne nous délogerez qu’à la force de vos baïonnettes ». Mirabeau est à 40 ans, l’incarnation de cette assemblée. C’est au cours de cette période que Mirabeau qui a des antécédents médicaux importants (coliques néphrétiques, accès de goutte et troubles de la vue) se plaint de plus en plus de fréquents troubles de santé.

« Suffocations diaboliques »

L’étude de sa correspondance montre que Mirabeau souffre, au cours de cette période, d’un cortège de signes de : « suffocations diaboliques », de « battements de cœur inconcevables », d’une « enflure considérable aux jambes, fort douloureuse et nullement molle », d’« état d’oppression », d’« obscurcissement presque absolu (de la vue) le soir ». L’illustre révolutionnaire, excessif dans tous ses actes que ce soit à table, au lit ou à la tribune, est un homme physiquement usé. Le fait que ces troubles soient associés à de fréquents épisodes d’épistaxis a fait évoquer par certains historiens de la médecine le diagnostic d’hypertension artérielle.

Dès juin 1790, Mirabeau se plaint de vagues douleurs dans les bras. Il présente des spasmes douloureux que son médecin, le docteur Georges Cabanis (1757-1808), localise au diaphragme ou à l’orifice[...]

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À propos de l’auteur

Historien, PARIS