Syndrome coronarien aigu de la femme jeune

0

Historiquement, l’infarctus du myocarde (IDM) a été décrit comme une maladie de l’homme. Pourtant, il reste la première cause mondiale de mortalité chez la femme. Cette idée préconçue a longtemps été à l’origine d’un retard diagnostique et de prise en charge, ayant fait décrire par la cardiologue américaine Bernadine Healy le syndrome de Yentl, tiré du nom de l’héroïne du roman de Isaac Bashevis Singer (1962) dans lequel elle devait se déguiser en homme pour accéder à l’éducation [1].

En effet, à la fin des années 1990, plusieurs études ont souligné le défaut de prise en charge des patientes atteintes d’une cardiopathie ischémique en l’absence d’une symptomatologie similaire à celle des hommes. Depuis, les travaux de la communauté médicale et scientifique ont permis d’améliorer et de diffuser les connaissances sur les singularités de la cardiopathie ischémique chez la femme.

Épidémiologie

La mortalité cardiovasculaire (CV) a considérablement diminué depuis les années 2000, avec une chute de l’ordre de 20 %, similaire chez l’homme et la femme [2]. Néanmoins, si l’on s’intéresse aux taux d’hospitalisation pour IDM, la proportion des patients jeunes (35-54 ans) a tendance à augmenter, notamment chez les femmes [3]. L’étude ARIC (Atherosclerosis Risk in Communities) rapporte les résultats de l’analyse de 20 ans (1995-2014) d’hospitalisations pour IDM de 4 régions nord-américaines. La proportion d’IDM touchant des sujets jeunes augmentait de 27 (1995-1999) à 32 % (2010-2014), avec une augmentation plus marquée chez la femme. En France, d’après les données sur les syndromes coronariens aigus (SCA) avec sus-décalage du segment ST du registre FAST-MI, l’âge moyen des patients admis a diminué de presque 3 ans, atteignant 63,3 ans en 2010. Surtout, depuis 1995, la proportion de patients < 60 ans est passée parmi les hommes de 38,1 à 49 %, mais elle a plus que doublé parmi les femmes, passant de 11,8 à 25,5 % [4].

La part croissante des femmes jeunes admises pour IDM trouve possiblement son explication dans la facilitation du diagnostic par l’utilisation de nouveaux outils (par exemple la troponine ultrasensible), mais[...]

Connectez-vous pour consulter l'article dans son intégralité.

Pas encore abonné(e)
INSCRIVEZ-VOUS

Inscrivez-vous gratuitement et profitez de tous les sites du groupe Performances Médicales

S'inscrire
Partagez.

À propos de l’auteur

Service de Cardiologie, CHU de CLERMONT-FERRAND.